L’explosion du numérique a, c’est un fait, apporté de nouveaux outils qui ont considérablement modifié le monde du travail. On pourrait croire que cela a amélioré le monde du travail et la façon dont il est perçu par les premiers concernés. Pourtant, il suffit de quelques recherches pour faire émerger une réalité inquiétante : désengagement, perte de sens et anxiété pouvant mener à des maladies professionnelles sont généralisées… La qualité de vie au travail (QVT), appelée aussi bien-être au travail (BVT), est devenue une question de santé publique. Rencontre avec Annie Le Flohic, une spécialiste qui a fait de l’amélioration du bien-être au travail le cœur de son activité.

 

Quelques chiffres pour un constat assez inquiétant

Commençons par quelques chiffres :

  • 52 % des salariés français se disent anxieux au travail (Cabinet Stimulus, 2017)
  • 24 % des salariés français sont en situation d’hyperstress, dangereuse pour la santé (Cabinet Stimulus, 2017)
  • 21 % des indépendants, 18 % des salariés et 12 % des dirigeants français ont été victimes d’un burn-out au cours de leur parcours professionnel (Viavoice/Harmonie Mutuelle, 2017)
  • 29 % des congés maladie d’une durée supérieure à 6 mois sont liés à des pathologies ostéomusculaires (troubles musculo-squelettiques, tendinites, lombalgies) et 25 % à une souffrance psychologique, contre 14 % au développement d’un cancer (Caisse nationale de l’Assurance Maladie, 2012)
  • Seuls 6 % des salariés français s’affirment engagés au travail (très impliqués à la tâché, enthousiasmés par leurs missions professionnelles), ce qui les place parmi les salariés les plus désengagés d’Europe au travail. À titre de comparaison, les États-Unis comptent 33 % de salariés très impliqués (Gallup, 2018)
  • 90 % des dirigeants et salariés sont convaincus de l’importance de la santé dans la performance de l’entreprise (Malakoff-Médéric, 2017)

La mise en place d’une démarche de qualité de vie au travail est plus que jamais d’actualité face au mal-être des salariés, dirigeants et indépendants de tous les domaines dans un monde où le désir de rémunération a laissé sa place à l’aspiration à un travail reconnu, qui a du sens et qui est mené au cœur d’un mode de vie équilibré.

 

La qualité de vie au travail en détails

Mots & Merveilles – La Fabrique : Pour toi, que signifie le concept de bien-être au travail ?

Annie Le Flohic : Le bien-être au travail vise en premier lieu le travail et ses conditions, mais aussi la possibilité donnée aux personnes de pouvoir « faire du bon travail » : dans une bonne ambiance, avec du sens et au sein d’une organisation claire et bienveillante. On parle ainsi de « qualité de vie au travail » (QVT), un terme plus réglementaire et législatif. La QVT est également associée aux attentes fortes d’être pleinement reconnu dans l’entreprise et de mieux équilibrer vie professionnelle et vie personnelle. Même si ces deux attentes sont celles de tous les salariés, elles entretiennent dans les faits un lien particulier avec l’exigence de créer du lien entre tous, de moins raisonner financièrement mais de mettre l’Humain au centre des stratégies. En résumé, la QVT c’est le couteau suisse de la gestion humaine, tant elle touche de sujets divers et variés – comme le temps de travail (le télétravail), l’égalité hommes/femmes, la conduite au changement (déménagements, restructuration, digital), les conflits intergénérationnels, le management, etc.

 

 

Mots & Merveilles – La Fabrique : L’intérêt pour la QVT semble récent, en tout cas son omniprésence dans les problématiques RH et de vie professionnelle en générale. On ignore souvent qu’en 1973 déjà, un changement commençait déjà à s’opérer, avec la création de l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact). La réalité du monde du travail a évolué et dorénavant il n’est plus suffisant de protéger la santé physique des salariés, la santé psychique occupe une place très importante et la problématique de la QVT s’est généralisée pour s’étendre à toutes les entreprises et à tous les travailleurs. Selon toi, comment s’est opéré ce changement de mentalité ?

Annie Le Flohic : Le besoin de bien-être au travail est arrivé progressivement. Face au mal-être et aux changements sociétaux, la QVT s’est plus au moins « imposée ». Mais c’est surtout grâce aux résultats des premiers CHO (Chief Happiness Officer), que le monde de l’entreprise a réalisé l’intérêt de cette notion. L’enjeu devient économique pour les entreprises, qui dépensent moins (moins d’arrêts de travail et absentéisme, moins de turn-over), attirent les talents et gagnent donc plus en productivité.
En effet, comme l’a montré une étude de Harvard/MIT largement relayée :

 

Mots & Merveilles – La Fabrique : Pourquoi, selon toi, est-ce qu’on en parlait si peu auparavant ?

Annie Le Flohic : À une époque pas si lointaine, c’était le plein emploi, l’euphorie générale et le règne des entreprises tayloriennes. L’éducation du travail était alors basée sur la « soumission », « gagner sa vie » coûte que coûte et enfin, la réussite sociale était basée uniquement sur le panache financier. Le bien-être n’était donc pas une valeur dont on s’occupait (ni besoin). Il n’y avait que peu d’insécurité de l’emploi, peu de problème d’autorité managériale, etc. Puis est arrivée la crise du pétrole et les crises financières qui ont bouleversés nos croyances, nos besoins et notre vision du monde.

Mots & Merveilles – La Fabrique : Est-ce à dire que ce bouleversement profond de nos croyances fait de la QVT un changement durable plutôt qu’une mode passagère ?

Annie Le Flohic : Comme la qualité, le RSE (responsabilité sociétale entreprise), la QVT est introduite et imposée par des lois. La dernière loi la concernant est le Plan santé au travail 2016-2020, créé par le ministère du Travail, de l’Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social. Ce n’est donc pas seulement une mode mais bien une nécessité future, permanente et d’avenir.

 

Site de l’interview ici :

 


Le partenaire de Mots & Merveilles – La Fabrique : Annie Le Flohic

Ingénieur productique de formation, puis commerciale, chef d’agence, et enfin responsable marketing et communication, j’ai rebondi suite à un burn-out.

Aujourd’hui j’œuvre dans les ressources humaines en tant que facilitatrice en bien-être au travail avec mon agence À La BonHeur. Je vous apporte mes audits/conseils, formations et mises en place de stratégies, afin de prévenir les risques psycho-sociaux dans l’entreprise et ainsi améliorer le bien-être au travail.

 

 

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